toi

cimetière

Fontenai sur Orne, des fleurs sur ta tombe, tu es là, immobile, je ne ressens que l’absence, je prends conscience de toi, de ta chaire, de ta chaleur, de tes lèvres, de ton sourire. La simplicité de notre vie, me revient.

Maintenant sans toi, je suis ballotté d’un endroit à l’autre, sans avoir le goût du monde, anesthésié, je me retrouve ici ou là, sans être nulle part… Je continue de faire bonne figure, mais ta fille ne s’y trompe pas et souvent me demande de sourire vraiment.

Des fleurs sous ta tombe, les 38 lys posés sur cette boite où tu es enfermée, j’ai mis d’autres lys sur la pierre, pour m’approcher de toi… Pour être contre toi.

Je réalise combien ce mauvais rêve est absurde, combien j’ai du mal à apprécier le sens de cette farce, si l’idée était de tester ma capacité à affronter cette épreuve, je pense que le test a assez duré : j’y suis arrivé, que personne ne pourrait en faire plus, que la vie suit son cours, comme si tu n’avais jamais été nécessaire comme si ta mort n’avait pas eues de conséquence matérielle… Mais je n’arrive pas à reprendre goût au monde… Tu m’as laissé un monde sans odeur, sans couleur, un monde sans matière, sans vibrance… Réveille-moi et si tu me trouves tremblant et triste, prends moi dans tes bras, serre moi fort contre toi, je viens de vivre le plus terrible cauchemar, ce cimetière est si réel, si petit, si poétique, si simple, moche et gris qu’il est insupportable, car il semble avoir été conçu pour t’accueillir, tu détestais les fioritures, les endroits sans passé, l’exubérance prétentieuse, j’aimerais dénicher une vielle pierre dans une brocante, car je sais que tu ne voudrais pas de ces tombes clinquantes que l’on trouve dans les marbreries funéraires…

Pense à me réveiller…

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